Pourquoi les PME sont-elles importantes pour Oikocredit ?

Pourquoi les PME sont-elles importantes pour Oikocredit ?

Hans Perkmaandag 30 november 2020

Hans Perk, directeur régional d’Oikocredit pour l'Afrique et spécialiste du secteur agricole mondial, vient nous parler de l'importance des petites et moyennes entreprises (PME) et de la manière dont Oikocredit les soutient.

On qualifie souvent les petites et moyennes entreprises (PME) de moteur de l'économie. Plus que tout autre, le secteur des PME crée des emplois et contribue au développement économique de l’ensemble du globe. Selon la Banque mondiale, les PME contribueraient pour près de 40% du PIB des économies émergentes. Ces chiffres sont encore plus élevés si on inclut le secteur informel des PME.

La définition de la PME diffère d'un pays à l'autre, mais nous avons toutes et tous en tête ce qu’est une boulangerie, un garage local ou une petite usine : il s’agit des entreprises qui fournissent des services et des emplois aux habitant·e·s de nos communautés locales. Les PME se concentrent principalement sur les marchés locaux et jouent un rôle crucial dans le développement de l'économie régionale : elles ont le potentiel de stimuler la demande locale de biens et de services.

Le secteur des PME se développe de plus en plus en Afrique où la population est relativement jeune et de de plus en plus formée. Les PME peuvent jouer un rôle important dans la création d'emplois et de moyens de subsistance décents pour les jeunes et, par conséquent, contribuer à la stabilité de la région. Selon des recherches menées par l'Organisation internationale du travail et l'Agence allemande pour la coopération internationale (GIZ), près des deux tiers de l’ensemble des emplois formels en Afrique sont créés par des PME.

Manque d'accès au crédit en Afrique

Longue est la liste des contraintes auxquelles sont confrontées les PME en Afrique. La plus importante est le manque d'accès au crédit, comme m’en ont souvent fait part des entrepreneur·e·s africain·e·s. Or, l'accès au crédit est nécessaire pour exploiter pleinement le potentiel des PME. Plus de 40% des entreprises en Afrique considèrent le manque d’accès et le coût du financement comme leur plus grand obstacle. C’est presque deux fois plus qu'en dehors de l'Afrique, selon les enquêtes sur les entreprises de la Banque mondiale.

On estime qu'en Afrique subsaharienne, plus de 60% des micro, petites et moyennes entreprises (MPME) ont besoin d'un prêt mais qu’elles ne peuvent pas y accéder par les canaux formels. Pour cette raison, la plupart d'entre elles dépendent du crédit informel que leur procurent la famille et les ami·e·s. Dans certains pays d'Afrique où intervient Oikocredit, nous avons constaté que seules quelques PME peuvent obtenir un prêt formel.

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Financement des PME : un vide à combler

Les entrepreneur·e·s font face à de nombreux obstacles pour obtenir un financement formel et ne sont dès lors souvent pas en mesure d'exploiter pleinement leur potentiel. Les entreprises dirigées par des femmes sont particulièrement touchées : peu ont accès aux services financiers pour développer leur activité car elles n’ont pas les garanties requises par les banques. Il n'est pas rare que des entreprises florissantes dirigées par des femmes, au Kenya par exemple, ne possèdent pas le titre légal de propriété du terrain où elles sont installées.

Les investisseurs perçoivent généralement les PME africaines comme à haut risque, fragiles et avec des faiblesses en matière de gestion financière. En l’absence de réglementation ou d'application des lois, l'octroi de crédit à une PME est difficile et coûteux. Dans de nombreux cas, le besoin de financement, autrement dit le montant du prêt, est trop élevé et trop complexe pour les institutions de microfinance, et il est trop faible pour intéresser les banques commerciales. Les PME se situent dans ce vide.

Soutenir les PME qui changent la donne

Il y a plusieurs années, Oikocredit a commencé à apporter un soutien financier aux institutions financières qui se concentraient spécifiquement sur ce marché des PME. Lorsque nous envisageons de soutenir un partenaire qui finance des PME, nous examinons naturellement le nombre d'emplois qu'il créera ou maintiendra mais nous nous concentrons surtout sur ses objectifs sociaux.

Par exemple, nous examinons si les prestataires de services financiers travaillent avec des PME enregistrées qui créent des emplois formels. En Afrique, de nombreuses sociétés ne sont pas enregistrées, ce qui signifie que les employé·e·s de ces entreprises ne sont pas protégé·e·s par le droit du travail qui leur garantirait un lieu de travail sûr et une rémunération décente.

Nous regardons également si le partenaire potentiel se concentre sur les entreprises détenues par des femmes et nous vérifions qu’il dispose d’une stratégie, de produits financiers et de formations destinés à ce groupe cible. Nous leur demandons s'ils proposent des produits spécifiques pour les PME agricoles et nous les interrogeons sur la façon dont l'institution de financement des PME dessert les régions les plus pauvres.

Évaluation sociale et performance environnementale

Après avoir évalué les performances sociales et environnementales des candidats, nous entamons le dialogue avec eux et leur donnons un avis et des conseils pour leur permettre d’améliorer leur performance sociale. Dans certains cas, nous procurons également une assistance technique.

Family Bank, l'un de nos partenaires de financement des PME au Kenya, est un bon exemple. Nous renforçons les capacités de la banque pour lui permettre d'augmenter ses prêts aux exploitations agricoles dans les zones rurales. Entre 2018 et 2019, après avoir identifié la nécessité pour la banque d’élargir son portefeuille de prêts aux exploitations agricoles, nous avons mené une enquête dans les zones rurales pour évaluer les besoins des petits exploitants agricoles et des différentes chaînes de valeur soutenues par la banque.

Le projet a identifié trois chaînes de valeur rentables : l'élevage laitier, l'horticulture, la culture du thé ainsi que les entreprises qui se concentraient sur ces filières. Nos collaborateurs et collaboratrices ont travaillé avec la banque pour développer divers produits répondant aux besoins des entreprises de ces chaînes de valeur.

La formation est indispensable

À travers ce projet, un autre élément important a été identifié : la nécessité de former les collaborateurs et collaboratrices des partenaires. Des représentant·e·s d'agriculteurs et agricultrices et les entreprises sélectionnées ont également été formés sur la manière dont le financement par l’emprunt peut contribuer à augmenter les revenus tout au long des chaînes de valeur. Début 2020, la banque a décidé de réaliser un pilote pour la chaîne de valeur laitière, qui a rencontré un vif succès.

Avec la pandémie de Covid-19, l’intérêt des chaînes de valeur horticoles a diminué mais nous avons observé un regain d’intérêt pour les filières du lait et du thé. Début septembre 2020, le partenaire a prévu 10 millions d'euros pour soutenir les exploitations agricoles tout au long de la chaîne de valeur laitière, ce qui profitera à plus de 100’000 petits exploitants et exploitantes.

Développer les opportunités

Oikocredit estime qu'il existe d'autres opportunités de soutenir des institutions de prêts aux PMEtelles queFamily Bank,afin d’augmenter l’impact dans les zones rurales où les niveaux de pauvreté et de chômage sont élevés. Des chaînes de valeur agricoles bien pensées et financées par des bailleurs de fonds concentrés sur les PME peuvent avoir un impact positif sur les petites exploitations et les communautés locales à travers le monde.

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