Les premiers pas d’Oikocredit en Amérique latine: de la théologie de la libération à la capitale du fromage

Les premiers pas d’Oikocredit en Amérique latine: de la théologie de la libération à la capitale du fromage

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FEPP : le premier partenaire d'Oikocredit en Amérique latine

26 juin 2015

Notre récit débute avec padre Leonidas Proaño, évêque de Riobamba en Equateur. Il est l’un des plus importants théologiens de la libération de son temps. Nominé pour le prix Nobel de la paix, il était avant tout un fervent défenseur des droits des pauvres et des indiens.

A la fin des années 1980, padre Leonidas rendit visite au village de Salina, dans la province équatorienne de Bolica. Le village tirait son nom de la source de revenus la plus importante de la région : le sel. Mais du sel, il n’en vit guère : les salins étaient en grande partie desséchés et la plupart des fermiers avaient déserté le village, à la recherche d’une vie meilleure en ville. Au village, il ne restait qu’une cinquantaine de familles, qui tentaient d’y survivre dans une misère noire. Face à cette situation poignante, l’évêque Proaña fonda une organisation afin d’aider les populations rurales les plus pauvres : Fondo Ecuatoriano Populorum Progressio (FEPP), qui allait devenir le tout premier partenaire d’Oikocredit en Amérique latine.

Malgré de fausses accusations d’activités de guérilla et des entraves continuelles de la part de l’élite riche du pays, l’évêque Proaño continua à s’investir pour les plus pauvres. Ainsi à Salina, il incita les villageois à fabriquer des produits fermiers : des fromages ou des saucisses, et à les vendre en ville. Et il leur apporta son soutien par l’intermédiaire du FEPP. Très vite, le succès fut au rendez-vous et l’organisation eut besoin de moyens financiers supplémentaires pour réaliser des investissements. Elle s’adressa en vain aux banques locales : pour les plus pauvres, aucun prêt n’était possible ! Oikocredit, elle, a cru au projet de padre Leonidas et des villageois de Salinas. Et c’est ainsi que le FEPP reçut en 1978 un prêt de $ 100.000 et devint le premier partenaire d’Oikocredit en Amérique latine.

« Je me souviens très bien de nos premiers contacts avec Oikocredit, qui portait alors encore le nom de Ecumenical development Cooperative Society UA », explique José Tonello, le directeur du FEPP. « En 1978, nous étions une toute petite organisation qui cherchait les moyens de soutenir dans leur développement les agriculteurs et les populations indiennes d’Équateur. Nos objectifs correspondaient parfaitement avec la mission d’Oikocredit, et c’est ainsi que nous avons été parmi les tout premiers à nous voir accorder un prêt. »

Le FEPP utilisa le premier prêt pour soutenir les agriculteurs dans leurs efforts d’amélioration de leur production. Les trois prêts accordés ensuite par Oikocredit, pour un total de $ 550 000, servirent à renforcer et à étendre les activités de Camari, l’organisation de marketing du FEPP, grâce à laquelle les petits fermiers et artisans commercialisent leurs produits.

Aujourd’hui, Salinas a recouvré la prospérité. Elle est connue en Equateur comme la « capitale du fromage » et des douzaines de coopératives industrielles s’y sont installées, nées de l’idée visionnaire du FEPP. Mais l’influence positive du FEPP ne se limite pas à la région de Salinas. Aujourd’hui, le FEPP soutient environ 700 000[1] personnes pauvres dans tout l’Équateur. Il est actif dans divers domaines, dont l’accès à la propriété, la préservation de la nature, les énergies renouvelables, l’eau potable et la fourniture locale de services financiers.

Depuis le tout premier prêt accordé par Oikocredit en 1978, Oikocredit et le FEPP se sont tous deux développés en restant dans le droit fil de la vision de leurs fondateurs. Le FEPP est devenu un acteur essentiel en Equateur sur le plan du développement social et environnemental et de l’inclusion. « Nos citoyens ont pu se former, enrichir leurs valeurs, renforcer leur réseau : tel est le résultat clef de notre travail en Équateur », constate Tonello. « C’est ainsi qu’ils ont pu échapper à la misère et qu’ils peuvent construire un meilleur avenir pour leur famille. »

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