Devenir la nouvelle directrice générale de Oikocredit International : interview de Mirjam ‘t Lam

Devenir la nouvelle directrice générale de Oikocredit International : interview de Mirjam ‘t Lam

Mirjam 't Lam-Jet van Gaal.jpglundi 10 janvier 2022

Mirjam ‘t Lam a pris ses nouvelles fonctions de directrice générale de Oikocredit International le 1er décembre. Elle avait déjà assuré ce poste en intérim pendant plusieurs mois après avoir rejoint la coopérative en novembre 2020 en tant que directrice des finances et des risques. Nous avons interviewé Mirjam sur son parcours professionnel, sa motivation personnelle et ses réflexions sur Oikocredit, 2021 et l’année à venir.

Vous travaillez chez Oikocredit depuis un peu plus d’un an maintenant. Comment s’est passée cette expérience et qu’avez-vous découvert ?

C’est un privilège pour moi de travailler pour une organisation dont la mission est aussi unique et importante. Sachant qu’environ 100 millions de personnes sont tombées dans la pauvreté dans le monde pendant la pandémie de Covid-19 (selon la Banque mondiale), il est plus important que jamais d’investir de manière responsable pour aider les personnes à faibles revenus à améliorer leur vie. Ce n’est pas seulement la mission de Oikocredit qui m’inspire, mais aussi sa nature coopérative et la façon dont nos investisseurs, notre personnel et nos partenaires sont unis pour servir cette mission. J’ai rejoint l’organisation pendant la pandémie de coronavirus, et cela a été une période difficile pour tant de personnes et d’organisations. Pourtant, ici, à Oikocredit, nous avons montré que nous pouvions maintenir nos activités principales et continuer à fournir un soutien financier et de renforcement des capacités à nos partenaires. Et bien que nous ayons subi une perte en 2020 en raison des effets de la pandémie, nos membres ont exprimé une grande confiance dans la coopérative lors de notre Assemblée générale annuelle (AGA) de juin 2021, et nous avons renoué avec les bénéfices l’année dernière.

Quels ont été les moments les plus inspirants ?

Le 2 décembre, nous avons tenu la toute première assemblée générale extraordinaire (AGE) des 46 ans d’histoire de Oikocredit International. J’ai trouvé cette occasion spéciale, car nos membres ont fait preuve d’une solidarité remarquable et d’une volonté de collaborer et de s’écouter les uns les autres alors que nous développons notre nouveau modèle de collecte de capitaux à l’épreuve du temps. Cela a démontré notre coopérative dans la pratique. Un autre moment inspirant pour moi a été la publication de notre rapport d’impact en septembre, qui met en lumière les impacts sociaux de nos investissements chez nos partenaires dans nos domaines d’intervention, à savoir l’inclusion financière, l’agriculture et les énergies renouvelables, et explique pourquoi notre présence locale est si importante pour sélectionner les bons partenaires avec lesquels travailler et pour fournir un soutien au renforcement des capacités. Le rapport d’impact est rempli de données pertinantes et d’éclairage sur notre travail pendant la pandémie. J’ai également été inspirée par le dévouement du personnel de Oikocredit, qui a travaillé si dur pour reconstruire notre portefeuille de financement du développement en 2021, en obtenant des résultats positifs, et qui a mené à bien la recherche d’un nouveau modèle de collecte de capitaux.

Quels ont été les plus grands défis ?

Ce fut un défi, à la fois en tant que membre du comité de direction, et plus récemment en tant que directrice générale par intérim et maintenant en tant que directrice générale, de faire naviguer notre coopérative jusqu’à là où elle est aujourd’hui pendant ces périodes difficiles. Le Covid-19 nous a tous mis au défi. Nous avons dû apprendre à vivre avec la pandémie et à mener nos activités malgré le virus, et à trouver des moyens efficaces d’interagir avec nos partenaires, nos membres et nos investisseurs. Oikocredit International a également été confronté à des changements au niveau du conseil de surveillance et du comité de direction, ce qui a constitué un défi collectif et m’a mis au défi personnellement afin que nous continuions tous à faire ce qui est dans le meilleur intérêt de Oikocredit.

Vous étiez auparavant directrice des finances et des risques de Oikocredit International. Qu’est-ce qui vous a poussé à assumer ce nouveau rôle de directrice générale ?

Devenir directrice générale était mon ambition de longue date, à condition de trouver une organisation dont l’objectif me convenait parfaitement et où j’aurais le soutien total du personnel et des autres parties prenantes. C’est ce que j’ai trouvé chez Oikocredit, où mes convictions personnelles sur l’investissement responsable sont si bien ancrées au cœur de l’organisation.

Comment votre parcours et votre expertise vous ont-ils préparé à votre nouveau rôle de directrice générale ?

Une grande partie de mon parcours professionnel a eu lieu au sein du groupe Rabobank, une banque coopérative où j’ai occupé une série de fonctions consultatives, commerciales et autres. Je crois fermement à la démarche coopérative - fondée sur la collaboration, la vision à long terme et le travail solidaire - et à l’importance de la présence locale. Lorsque j’étais chez Rabobank, j’ai travaillé pendant plus d’un an en Inde et dans d’autres régions d’Asie dans les énergies renouvelables, puis au Rwanda dans les microcentrales hydroélectriques. Et en tant que Chief Financial Risk Officer chez Rabo Development (aujourd’hui appelé Rabo Partnerships), la focalisation de mon travail sur l’amélioration de l’accès aux services financiers était à bien des égards similaire à l’approche de Oikocredit. Je suis reconnaissante d’avoir eu de bons mentors et managers au cours de ma carrière qui m’ont aidée à me préparer à des rôles de direction.

Pouvez-vous encore nous dire quelque chose sur les performances de Oikocredit International en 2021 ?

Comme nous l’avons signalé à la fin du troisième trimestre 2021, nous avons reconstitué l’année dernière le portefeuille de financement du développement de la coopérative après la contraction et les pertes de 2020. Bien que les résultats définitifs ne soient pas encore disponibles, je m’attends à ce que nous ayons terminé 2021 sur une note positive en termes de taille et de qualité du portefeuille, de capital des membres, de revenus et de rentabilité. Notre renforcement des capacités se poursuit efficacement, et la publication imminente de notre tout premier rapport d’enquête sur l’autoperception des clients marquera une autre étape clé et une source d’informations utiles pour notre travail futur. Je suis heureuse que nous ayons terminé l’année sur une très bonne note.

Que prévoyez-vous pour 2022 ?

L’année à venir sera une année de transition. Le monde devra définir comment il fait des affaires, sachant que le Covid-19 peut toujours être présent. Pour Oikocredit International, dans ce contexte, nous devons consolider notre « business as usual » (routine) et avoir encore plus d’impact pour les personnes que nous servons. Nous allons passer de notre stratégie actuelle (2018-22), qui a donné la priorité à l’efficacité et à la réduction de la complexité, entre autres objectifs, à notre nouvelle stratégie 2022-26 axée sur les objectifs, avec son approche innovante visant à soutenir l’autonomisation des clients en renforçant la résilience au niveau communautaire. Nous prévoyons d’adopter officiellement notre nouveau modèle de collecte de capitaux au premier semestre 2022, que nous mettrons ensuite en œuvre avec nos membres, nos associations de soutien et d’autres parties prenantes. Et nous accueillerons de nouvelles personnes au sein du conseil de surveillance et du conseil d’administration, en pourvoyant les postes actuellement vacants de Oikocredit International.

À plus long terme, quel rôle Oikocredit doit-il assumer à l’avenir ?

Oikocredit a toujours été un pionnier et un catalyseur de l’investissement à impact. Cela ne changera pas. Avec notre nouvelle considération stratégique pour les approches communautaires, nous viserons à rester à la pointe de l’innovation dans le financement du développement et à répondre avec agilité aux nouvelles opportunités et aux nouveaux défis qui se présentent. Nous nous efforcerons également de développer un plus grand sens de la communauté parmi nos membres et nos investisseurs, en renforçant Oikocredit en tant que mouvement, tout en continuant à améliorer nos communications numériques et à préparer l’avenir de l’organisation.

Dans quelle mesure la nouvelle stratégie sera-t-elle différente de la précédente ?

La nouvelle stratégie prolongera et s’appuiera sur la stratégie actuelle plutôt que de la remplacer entièrement. À partir de 2022, nous viserons à accroître notre impact dans de nouveaux domaines d’investissement et à créer un environnement favorable aux personnes à faibles revenus, afin que les clients et les membres de nos partenaires aient de meilleures chances à long terme de vivre dans la dignité. Pour ce faire, nous souhaitons, dans les années à venir, investir un cinquième des fonds de Oikocredit pour travailler à des améliorations durables dans les communautés de nos partenaires en soutenant des projets axés sur le logement, l’éducation, les soins médicaux, l’eau et l’assainissement. Il s’agit de secteurs dans lesquels nous n’avons pas été actifs ces dernières années, mais que nos partenaires ont identifiés comme nécessitant des investissements pour favoriser la résilience des communautés. En collaboration avec nos partenaires et d’autres membres de notre réseau mondial, nous concevons actuellement des solutions flexibles dans ces domaines. Les quatre cinquièmes du portefeuille continueront d’être investis dans l’inclusion financière, l’agriculture et les énergies renouvelables, ce qui aura un impact dans nos 33 pays cibles. Notre mission d’investissement responsable dans l’autonomisation durable des personnes à faibles revenus restera la même.

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