Ce n'est pas seulement une question de croissance

Ce n'est pas seulement une question de croissance

15 avril 2020

Laura Pool, directrice en charge de la gestion des risques, déclare : « Il ne s'agit pas seulement de la croissance du portefeuille, mais de sa qualité. » Dans l’entretien qui suit, Laura nous donne un aperçu des résultats financiers puis elle évoque l’évolution d'Oikocredit en tant qu'organisation et enfin elle nous explique comment ces résultats et développements aideront la coopérative à faire face à la crise actuelle du coronavirus.

Quels ont été les résultats financiers de 2019 ?

Notre rapport annuel a pour thème « une année de renouveau » : 2019 a en effet été une période de transition pour Oikocredit. Nous avons pris des décisions stratégiques pour tendre vers une croissance saine, sûre et durable avec un impact social maximum et nous avons réussi à atteindre des résultats financiers positifs.

Nous n’avons pas tout à fait atteint nos ambitieuses projections de croissance mais je pense que, au-delà des chiffres, nous devons nous intéresser à la qualité de la croissance. Nous avons veillé à la qualité du portefeuille en évaluant minutieusement les risques et en appliquant des critères de sélection des partenaires, comme par exemple des seuils minimaux pour les critères environnementaux, sociaux et gouvernementaux.

Nous avons également délibérément ralenti la croissance dans certains domaines où nous avons vu les risques augmenter. C’est le cas notamment dans certains pays d'Amérique latine confrontés à l'incertitude politique ainsi que dans notre portefeuille agricole. Les risques sont traditionnellement élevés dans le secteur agricole, tout comme peut l’être l'impact social de notre financement.

Conformément à nos plans, nous avons réussi à réduire nos coûts et à appliquer des prix plus réalistes et financièrement viables, ce qui nous a permis de poursuivre notre travail. En résumé, je suis satisfaite des résultats financiers positifs et je vois de nombreuses opportunités pour aller de l’avant.

Nous réévaluons bien sûr nos prévisions à mesure que nous en apprenons davantage sur l'impact du coronavirus, mais il est rassurant de savoir que nous sommes dans une position de force.

Dans quelle mesure le coronavirus affecte-t-il le travail d'Oikocredit et que fait la coopérative en réponse à cette situation ?

Nous poursuivons nos activités et suivons la situation de près. Les collaboratrices et collaborateurs de plusieurs de nos bureaux travaillent actuellement à domicile, conformément aux directives locales. Cela fonctionne assez bien, grâce à la bonne infrastructure en place et aux outils que nous utilisions déjà pour rester en contact les un·e·s avec les autres dans les 19 pays où nous avons un bureau.

Nous travaillons en étroite collaboration avec nos plus de 600 partenaires pour comprendre dans quelle mesure ils/elles sont ou seront affecté·e·s par le coronavirus, pour déterminer de quel soutien ils/elles ont besoin et pour envisager ce que nous pouvons proposer. Par exemple, certain·e·s partenaires ont peut-être besoin de retarder le remboursement de leur prêt.

Il est encore trop tôt pour connaître les conséquences globales du coronavirus. Mais il est probable que les personnes à faible revenu soutenues par nos partenaires seront grandement affectées par le virus et ses répercussions économiques. Cela signifie que nos partenaires et les communautés à faible revenu qu'ils/elles servent auront besoin d'un soutien supplémentaire.

Nous comprenons que nos investisseurs peuvent également s’inquiéter de la situation dans leur pays ainsi que par leur propre conjoncture financière. Nous remercions nos investisseurs pour leur soutien sans faille à Oikocredit, car la situation de nos partenaires nous oblige à la patience et à rechercher ensemble des solutions à moyen terme. Lors des crises précédentes dans les pays où nous travaillons, nos partenaires ont fait preuve de résilience et de souplesse. Nous sommes impatients de poursuivre notre travail avec eux/elles, même pendant cette période d’incertitude.

Le nombre de nouveaux investisseurs a doublé en 2019 portant à 59’000 le total des individus et organisations qui soutiennent Oikocredit. Qu'est-ce que cela signifie pour la coopérative sociale ?

Nos investisseurs jouent un rôle de premier plan dans notre croissance et notre stabilité financière, car ils/elles nous fournissent un financement indispensable pour que nos organisations partenaires puissent soutenir les personnes et les communautés à faible revenu. En 2019, le total des fonds disponibles pour le financement du développement a augmenté de 3,5% et notre capital social s’est accru de 4,4%. Nous devons beaucoup à la campagne dynamique qu’ont menée les collaboratrices et collaborateurs, ainsi que les bénévoles de notre réseau d'associations de soutien.

L'investissement social connaît un succès croissant et fait face à une concurrence accrue. C’est pourquoi nous apprécions vraiment la confiance témoignée à Oikocredit en tant qu'investisseur à impact social de premier plan. Cette confiance est particulièrement importante pour nous maintenant, car nous voulons pouvoir offrir à nos partenaires et aux personnes à faible revenu qu'ils/elles servent le soutien supplémentaire dont ils/elles vont avoir besoin.

Le rapport annuel porte principalement sur les chiffres. Pour autant, souhaitez-vous ajouter quelque chose ?

Si vous lisez le rapport dans son intégralité, vous verrez ce qu’il y a derrière les chiffres. Ils montrent qu'Oikocredit assure sa mission en cohérence avec sa vision et avec une stratégie financière qui donne la priorité à l'impact avant la croissance. Ce rapport souligne également la confiance de nos investisseurs et l'excellent travail de toutes celles et ceux qui ont contribué à ce que 2019 soit une année très positive pour Oikocredit, ses partenaires et les communautés à faible revenu que nous servons. Je remercie toutes les personnes qui ont rendu cela possible.

Vous avez rejoint Oikocredit il y a un peu plus de deux ans. Comment l'organisation s'est-elle développée depuis ?

Dès le début, j'ai été vraiment impressionnée par l'expertise et l'engagement des collaboratrices et collaborateurs, et des bénévoles d’Oikocredit. Les dernières années ont été marquées par les changements structurels entamés en 2018. Ceux-ci étaient essentiels pour qu’Oikocredit puisse continuer d’aider les personnes que nous servons dans un monde en constante évolution, ainsi que pour renforcer nos bases pour l'avenir. Même s’il a fallu renoncer à certaines régions ou secteurs, le portefeuille d’Oikocredit reste diversifié.

Nous sommes devenus plus réactifs, plus clairs dans nos processus et plus solides afin d’obtenir le meilleur impact possible, là où les besoins sont les plus importants. Bien sûr, cela n'aurait pas été possible sans modifier notre façon de travailler. J'entends maintenant des gens demander comment on pourrait faire mieux, plus rapidement et moins cher ? Personnellement, cela m'étonne vraiment. La culture d'unité et d'amélioration continue d'Oikocredit a déjà permis d’opérer avec succès les changements structurels et d’améliorer nos résultats, et ce alors qu’il s’agissait d’une période de transition. Je suis certaine que cette même culture nous permettra de traverser la crise du coronavirus et d’affronter les défis qu’elle génère.


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